Même à mon pire ennemi...Souvenirs d'une parenthèse : Fresnes 1980-1985
Lors d’une brèche ouverte par les espoirs déçus de Mai 68, Louis Beretti devient braqueur de banques en compagnie de quelques amis animés par un même idéal libertaire. Malheureusement, suite à une dénonciation, le braqueur se retrouve en prison pendant plusieurs années (et pour un braquage qu’il n’a pas commis).
Beretti raconte avec une rage jamais éteinte l’arrestation, aussi brutale que banale, devant sa famille... les interrogatoires et le chantage de la police... le jugement et la condamnation.
Il décrit ensuite les années d’incarcération : l’arrachement à ceux qu’il aime et la solitude, le temps suspendu et l’intimité abolie, le bruit des portes qui claquent et les hurlements des codétenus, les fouilles incessantes et la bouffe infecte, les vexations et la brutalité des matons, les transferts à répétition...
Longtemps après sa sortie, il n’a en rien renié ses principes anticarcéraux - et il réaffirme par le titre de son récit que "même à son pire ennemi" il ne souhaitera jamais de subir la pire déchéance que l’homme ait jamais infligé à l’homme : l’enfermement.>br> D’un bout à l’autre, le récit nous tient en haleine, rythmé par le va-et-vient entre la routine carcérale, le temps qui ne passe pas (« Le passé s’effiloche dans un présent perpétuel. ») et la vie d’avant, celle de l’action, de la révolte, des rêves partagés avec les amis. La narration joue de l’alternance entre la description de la morne vie de prisonnier et les réflexions sur l’état du monde où l’auteur témoigne d’une rare lucidité.