Lieder
Editeur : Éditions MF
Lieder contient trente deux chants distribués en quatre cycles (Pour une disparue, Ce dont l'histoire se souvient, Ce qui survient au passage, Morts d'accompagnement), associés à des circonstances, et donc aussi, par conséquent, à des états d'esprit différents, à l'intersection entre des histoires personnelles et l'histoire tout court.
Ces chants peuvent être lus (comme on dit, « à voix basse »), ou, de préférence, être dits « à haute voix », tels quels ou accompagnés par de la musique (composée, comme ce fut déjà le cas pour Les Limbes, par Franck Krawczyk). Pour une performance orale, deux ou trois voix sont nécessaires. L unité formelle de l'ensemble est en effet assurée par le recours à deux procédés polyphoniques (déjà utilisés, mais séparément, dans trois ouvrages précédents : Poème, 1993, Arfuyen ; A l'instant, Melville/Leo Scheer, 2003 ; Les Limbes, éditions MF, 2006).
Le premier procédé, associe à chaque texte des « notes explicatives » rassemblées en fin de volume. Ces notes, en précisant la référence hors du texte des motif figurant dans le texte, paraissent d'abord destinées à « faire comprendre » ce dont il parle en en restituant le « contexte ». Mais son intention véritable est de rendre palpable l'inanité de cette entreprise, puisque le déploiement du contexte est une tâche sans fin et, par là, d'inscrire le poème dans son lieu véritable, c'est-à-dire dans l entre-deux qui sépare le texte et son commentaire.
Le second procédé, inspiré de l'écriture musicale, fait intervenir, à l'intérieur de chaque texte, différentes voix, qui se superposent, se complètent ou se contredisent. Ces différentes voix, sont notées graphiquement (par la police et la taille des caractères) et leur place est définie. Toutefois les comédiens et les musiciens qui voudraient interpréter ces chants seraient libres de modifier la relation entre les différentes voix et de les combiner à leur convenance. Le terme de Lieder, qui donne son titre à l'ensemble, ne doit pas être pris à la lettre puisque, comme dans le cas de la ballade, l'agencement des figures prend parfois un tour narratif. C'est bien pourtant dans l'intention de rejoindre l'esprit du Lied que ces chants ont été composés.