Roubaud : Rencontre avec Jean-François Puff

Auteur(s) : Jacques Roubaud, Jean-François Puff
Editeur : Editions Argol

Ma famille est effectivement provençale ; Roubaud est un nom assez fréquent en Provence, qui remonte très loin, et il y en a encore beaucoup, notamment avec cette orthographe-là. L'origine est probablement très ancienne. Mon père est né à Toulon et a été orphelin très jeune, il n'a pas connu son père, qui est mort quand il avait quelques mois : puis sa mère est morte quand il avait cinq ans. Il a été élevé d'abord par sa grand-mère maternelle, puis par son grand-père paternel. Ce grand-père a joué un rôle important pour lui, parce que c'était un retraité de la marine. Je raconte quelque part qu'il allumait sa pipe, un jour avec de l'emprunt russe, un autre avec des bons Panama : il fait partie de ces gens qui avaient ainsi placé leurs économies et avaient été ruinés ; il vivait de sa retraite et racontait des histoires de mer. Mon père s'intéressait beaucoup à la mer et faisait un peu ce qu'il voulait : il allait marauder, pêcher ; il n'est pas devenu un voyou, comme certains de ses camarades d'enfance, parce que son instituteur a obtenu pour lui une bourse, et il a pu aller au lycée, ce qui a changé complètement sa vie. Deuxième moment décisif, à la fin de sa scolarité secondaire, une autre bourse lui a permis d'aller en classes préparatoires, alors qu'il avait passé le concours des postes, pour devenir postier comme son père. Il s'est donc retrouvé en khâgne à Marseille, puis il est entré à l'Ecole normale supérieure, en section lettres. Du côté de ma mère, la famille est moitié provençale, moitié italienne : mon arrière-grand-père maternel était de Villa Nova d'Asti, qui est dans le massif du Piémont ; quand la Savoie est devenue française, il a dû franchir la frontière pour retrouver sa fiancée, qui était savoyarde, et donc il est devenu français. Le nom était Molino. Du côté de ma grand-mère c'étaient des gens de Provence, de la région de Marseille. Les parents de ma mère étaient instituteurs ; mon grand-père était inspecteur primaire. Il a été blessé pendant la guerre de 14 : le télégramme annonçant sa blessure a été une grande réjouissance dans la famille, parce qu'il signifiait que la blessure n'était pas grave, mais qu'elle était incapacitante, et qu'il n'allait donc plus repartir au combat.

25,50 €
Parution : Mars 2008
161 pages
ISBN : 978-2-9159-7818-6
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