Autisme : à chacun son génome
L'autisme fait question, aujourd'hui plus que jamais. Tout ce que l'on avait pu penser jusqu'ici est soumis à une critique radicale. On clame qu'il y a eu erreur, on dénonce la tromperie, on vise un renversement.
L'idée d'une causalité psychique est mise en cause : on invoque désormais les bases génétiques de l'autisme, en les détachant de la production psychique. Mais de quoi s'agit-il effectivement ? Il faut aller y voir de plus près.
Un déferlement de hautes technologies se relaient pour cerner le déterminant génétique de l'autisme. On groupe puis on divise en sous-groupes les manifestations cliniques, on définit des régions chromosomiques, on décrypte et on cartographie le génome et ses variations.
Ariane Giacobino et François Ansermet nous expliquent de manière simple et vivante en quoi consistent ces recherches de pointe et quels sont leurs résultats à ce jour. Ils montrent comment le code génétique, sous toutes ses déclinaisons, ne livre pas de causalité unique. Bien au contraire, on assiste à une butée sur l'individuel.
Si chaque autiste est effectivement génétiquement déterminé, ces déterminants sont sans cesse différents, à la fois multiples et uniques. Plutôt que de présider à la répétition du même, le déterminisme génétique rencontre la question de la production de la différence. Lesa variations interindividuelles, la définition de la singularité qui fait le coeur de la psychanalyse, deviennent aussi une question cruciale pour la génétique. Voilà un croisement bien inattendu de deux champs qui avaient jusque-là tout pour s'opposer. Ces problèmes nouveaux, révélés par l'autisme, préfigureraient-ils une révolution dans la conception du déterminisme qui va toucher et la génétique, et la psychanalyse ?