Mortel Estuaire
Secrets de famille, trésors de guerre, parti d'extrême droite et complots nauséabonds enracinés dans les derniers soubresauts de l'Algérie française refont surface. Mémoire opaque aussi dangereuse que les eaux troubles de l'estuaire de la Gironde…
Une rencontre inattendue avec un ami d'enfance et voilà Régis, notre journaliste, embarqué bien malgré lui dans une fuite en avant.
« …Verre éclaté. Bruit épouvantable dans une nuit d’hiver absolument silencieuse. L’un des deux a juré. Je les ai entendus courir vers l’escalier. Je me suis mis à courir, moi aussi, à travers les vignes. Malgré la peur qui me tiraillait le ventre, je me sentais ridicule, obligé de filer en ligne droite, ne changeant de rang que parvenu au bout, trop lourd dans ma saleté de canadienne pour sauter de rège en rège, cible parfaite dès que la lune se découvrait, s’il leur prenait envie de faire un carton. Ils étaient loin, derrière moi, mais je les entendais toujours haleter. Je ne savais plus où était ma voiture. Si je m’étais mis à penser au chemin à prendre, je me serais égaré.
L’instinct m’y a conduit tout droit. Il y a bien eu cette impression qu’un homme m’y attendait et se précipitait à ma rencontre, qu’une ombre me frôlait avant de se perdre dans les vignes, mais la nuit est propice à vous jouer ces tours-là.
Une idée me terrifiait : ma voiture était froide et n’allait jamais démarrer. J’ai sauté à l’intérieur. J’ai tiré si fort sur le starter que j’ai arraché le ressort. Au contact, le moteur s’est lancé. Je crois n’avoir jamais fait de départ arrêté en marche arrière aussi prodigieux…
À Bourg sur Gironde, je me suis arrêté sur le parking du collège pour me reprendre…
J’ai pleuré comme un sale gosse que ses conneries venaient d’entraîner au bord de l’abîme… »