Liliane, fais les valises
Depuis belle lurette, les livres papiers ont disparu de la surface de la terre. La Loi Miziaud assimile les chercheurs à des « thésaréactionnaires » sans utilité publique. A Secrisy, les universitaires tiennent colloque et résistent toujours à l’envahisseur. Cette fois encore, le professeur Vladimir Marchet prendra sa place dans le ballet des communications. Sa conférence ? « Les factures EDF et Pierre Boulez, du sérieux au sériel ». Pendant ce temps-là, Liliane profitera du parc ou de la plage, splendides en cette saison.
Mais quelque chose ne tourne pas rond. Contrairement aux usages de la profession, les universitaires s’éclipsent sitôt leur intervention bouclée. Marchet anticipera : « Liliane, fais les valises, on rentre à Paris ».
« Liliane, fais les valises, on rentre à Paris, Mitterrand y veut pas d’l'union ! », Georges Marchais à son épouse, été 1977.
Loufoquerie potache, trouvailles et bons mots mâtinés d'impertinence, quelques clés et clins d'oeil pour qu'on reconnaisse, derrière le personnage, telle ou telle figure du milieu littéraire : le ton est donné, voilà du Jean-Bernard Pouy dans toute sa splendeur. L'écrivain malicieux réalise un tour de passe-passe : il évoque l’importance de la littérature sérieuse (la critique universitaire, les élucubrations des chercheurs, parfois obscures mais nécessaires, car elles sont les bastions de l’intelligence et de la lutte contre le pouvoir politique et économique contemporain) et, plus avant, de la recherche fondamentale, en développant une écriture absolument loufoque... Serait-ce juste pour rire ? Bien sûr, bien sûr...