Soname ou la bonne fortune : Une enfance tibétaine
Les mémoires d'une étoile montante de la World Music contemporaine, entre Cendrillon et Jamais sans ma fille. Une vie faite d'une série d'exils et de souffrances, surmontés grâce à une force intérieure hors du commun.
Un destin extraordinaire. Née à Yarlung, une petite ville de province tibétaine, Soname est séparée de sa famille à l'âge de sept ans pour aller mener à Lhassa une existence de semi-esclave chez des parents éloignés. Poussée par la soif d'une éducation qu'on lui refuse année après année, elle s'enfuit après presque dix ans de mauvais traitements et franchit à l'âge de seize ans l'Hymalaya à pied en direction de l'Inde, parmi un groupe de fuyards comme il s'en forme au Tibet à chaque nouveau printemps pour échapper à la répression chinoise.
À Dharamsala (la ville indienne où se regroupent la plupart des exilés tibétains et où elle rencontre le dalaï-lama) son premier amour l'abandonne avec leur premier enfant en bas âge. De nouveau réduite à la misère, elle est contrainte de se séparer de sa fille Deckyi qu'elle envoie au Tibet dans sa belle famille (lui faisant connaître ainsi un destin similaire au sien et une trajectoire inverse.) Soname quitte finalement l'Inde pour le Royaume-Uni via la France.
En Grande-Bretagne, où elle rentre par la petite porte de l'immigration clandestine, sa voix extraordinaire finit par être remarquée, jusqu'à ce jour de 2003 où elle chante à l'opéra de Covent Garden devant la famille royale britannique pour aller ensuite retrouver le commissariat de Brighton où elle travaille (illégalement !) comme femme de ménage.
C'est le début de la reconnaissance, et l'occasion pour The Observer de titrer à son propos : " La femme de ménage qui brûle les planches. " (sic.)
Depuis Soname Yangchen n'a eu de cesse de défendre la cause tibétaine à chaque occasion, et d'essayer de rattraper le temps perdu avec sa fille, dont elle est restée séparée tant d'années.