Les parapets de l'Europe
Ce livre s'appelle Les parapets de l'Europe, pas L'Europe aux anciens parapets, qui est un vers dans Le Bateau ivre. Pourtant le démarrage du récit, un premier janvier, est aussi le désamarrage d'un vieux rafiot rouillé et immatriculé à Djibouti, l'Arthur Rimbaud. La première édition des Parapets (écrit en 1985-86) date de 1988, vingt ans après les événements (ou non) de 1968, auxquels Guillaume Doutreleau, le héros-zéro a participé. Les parapets (de l'Europe) sont un livre de deuil, celui des grands récits, des grandes actions, en Europe du moins. La vie est-elle encore historique ?, pourrait se demander le zéro. Il ne se le demande pas, mais fait comme. Pourtant le livre paraît un an avant la chute du Mur de Berlin. Guillaume, engagé on ignore comment par une énigmatique Centrale, créature de l'empire soviétique et de son satellite cubain, croit-on comprendre, s'emploie à libérer (de quoi ?) l'Irlande du Nord et le Val d'Aoste (?). En fait Guillaume est un terroriste à la manque et terroriste manchot, strictement européen. Il manque ses rares coups, sauf le dernier, qu'il n'a pas organisé et en meurt dans l'explosion d'un petit avion au-dessus du Cervin, un 31 décembre.
Les parapets sont donc le livre du deuil de la Révolution en Europe où elle naquit. C'est plus un livre du Je qu'un livre du Nous. C'est aussi un livre du Jeu : on peut jouer avec tout, mais pas avec n'importe qui. C'est encore un livre des livres, ils sont nombreux entre les lignes. Tout commence et tout finit par un livre, pour le héros, le zéro. C'est enfin un livre d'amour, avec deux héroïnes, Clara et Clarence qui, elles, ne sont pas zéro. Voilà.