Dans l'oeil de l'oubli suivi de Rougigogne

James Sacré est très attaché aux lieux, au paysage et à la géographie, et notamment à la géographie intime des lieux de son enfance vendéenne. De nombreux textes sont consacrés à ce terroir, dont la longue prose Rougigogne, publié en 1983 par Obsidiane, reprise ici, et épuisée depuis longtemps. Les motifs centraux en sont la maison, la ferme, le jardin et le village. Et tout autant les gens qui vivent là, et que domine souvent la figure paternelle. La mémoire jouent donc un rôle important, qui court au fil du récit dont elle irrigue le tissu narratif de ses bribes - bribes qui hachent le fil du texte comme pour mieux marquer la menace que fait courir l'oubli à la trame (la « guenille » dit Sacré). Et le premier texte, Dans l'oeil de l'oubli, se donne comme un travail de remémoration propre à rendre les strates du passé (dont celles des lieux épars) aussi vivantes que le présent, les fondant dans « un véritable fourré de paroles à peine pensées, de gestes, de désirs tout un sans-fond d'être à la fin là présent et disparaissant dans l'instant. »