Dylan Stark : La Couleur de Dieu
Editeur : Le Navire en pleine ville
Dashiell Manton est instituteur, et c’est un scalawag, c’est-à-dire qu’il soutient les idées des vainqueurs du Nord contre celles du vieux Sud défait. Un traître. Et, parce qu’il est appointé par le nouvel Etat des USA pour enseigner à tous les enfants de sa ville, il accepte parmi ses élèves un petit enfant noir, au nom oh combien provocateur, Lincoln, Lincol Sodom. Et la ville entière, la blanche, celle qui a élu un maire qui considère les noirs comme des animaux domestiques, se trouve en ébullition. Seul le vieux Rakaël, l’ancien conducteur de diligence, met son fouet, sa langue bien pendue et son cœur gros comme ça, au service de la cause que défendent l’instituteur et sa femme.
Et puis, dans cette petite ville sens dessus dessous, Dylan Stark revient. C’est la ville où il a grandi, celle qu’il a quittée pour combattre dans les rangs de l’armée du Sud, quand son cœur le portait vers le Nord. Celle où ses parents, un métis d’Indien et une Française, ont été massacrés par des guérilleros à la solde du Sud, parce qu’eux aussi, ont les appelait scalawags. Il revient pour savoir, qui, parmi les habitants de Bosque Redondo, les a vendus pour cent dollards. Et pour les venger. Le combat de Dashiel, son ami d’enfance, ce n’est pas le sien, il n’est pas là pour ça.
Et pourtant, devant un petit enfant si heureux d’apprendre à lire et de découvrir le monde, devant ses yeux effrayés par la violence qu’il n’a même pas conscience d’avoir provoquée par sa simple présence sur les bancs de l’école, devant ses petites mains serrées sur un cahier d’écolier, Dylan prend conscience que la justice est un combat à mener partout et tout le temps. Que la vengeance des morts passe aussi par la défense des vivants.
Dylan Stark est un héros intemporel, de ces figures qui marquent l’imaginaire par leur présence et leur complexité. Eternel insoumis, homme libre s’il en est, il est porté par l’écriture magnifique et dense de Pierre Pelot, qui a su redonner au roman d’aventure une extraordinaire dimension littéraire.