Sumer
Voici un conte comme on aime à les entendre et qui n'est pas sans évoquer Les Mille et Une Nuits, les palais de Bagdad et la voix chaude de Shéhérazade. Sylvie Saliceti s'inspire très librement de vieilles épopées sumériennes et de misérables lambeaux de chroniques pour rendre un hommage appuyé, exprimé finement et tout en délicatesse, à l'antique civilisation sumérienne disparue voici plus de quatre mille ans ! Elle choisit son terrain, celui de la fiction, à distance des lourdeurs de l'érudition académique, pour évoquer quelques faits saillants qui l'aident à tisser la trame de son action. On devine, en filigrane, tout au long de son ouvrage, son admiration pour ce vieux peuple qui inventa l'écriture avant tous les autres. Dans cette aventure, en effet, les Egyptiens sont seconds. Son admiration, aussi, pour une société qui a su, par-delà les guerres et les carnages, tourner son regard vers les autres, tous ceux qui ne parlaient pas la même langue qu'elle. Les Sumériens et les Akkadiens, une population de langue sémitique, fournirent ensemble, dès avant le IV millénaire avant J.-C. un socle duel et stable où se bâtit une culture métisse qui perdura pendant plusieurs longs millénaires, jusqu'aux premiers siècles de notre ère. Le beau livre que nous offre Sylvie Saliceti contribue, à sa manière, à faire revivre dans les mémoires le souvenir de cette antique humanité. Il est d'autant plus précieux qu'aujourd'hui, sur les rives du vieil Euphrate, des hommes livrent une seconde fois Sumer à la mort, par le pillage systématique des sites archéologiques, la destruction et la dispersion d'une part importante du patrimoine de l'humanité.