Paysages inexistants (suivi de) le monde s'en va
Plus inquiet que Reverdy, moins exotique que Michaux, proche aussi de R. Juarroz, René Pons porte ici à une sorte de perfection dans l'amertume l'art du poème en prose. Car la vie déçoit, singulièrement quand, l'âge venant, vous vous retrouvez comme enfermé dans ce corps trop vieux pour une âme d'enfant. Jouant tour à tour d'un humour très noir, du pessimisme lucide (car l'issue de la pièce, n'est-ce-pas, ne fait aucun doute), d'une misanthropie sans indulgence, et d'un lyrisme bouleversant quand il évoque les plaisirs confisqués, la voix de René Pons est nécessaire. Sa noirceur nous éclaire, son humour glaçant nous tient en éveil, nous empêchant d'être dupes. Elle creuse les ombres, accuse les traits afin qu’enfin, peut-être, nous puissions en rire.