Comment on Fait un Roman
Notre édition est basée sur des textes parus sous le titre Avant et après la révolution (Rieder, Paris, 1935). Outre le texte central qui donne son titre à notre recueil, nous avons repris trois textes, Somnia dei per Hispanos, Fascisme commençant ? et Le Sentiment catastrophique qui complètent la vision de cette période.
Nous tenons à souligner l’apport essentiel du traducteur, Jean Cassou, dans l’élaboration de ce volume. Il dresse en préambule un Portrait d’Unamuno, auquel celui-ci répond ensuite. Les deux écrivains se sont connus à Paris, pendant l’exil d’Unamuno et alors que Jean Cassou était chroniqueur des Lettres espagnoles au Mercure de France.
Membre du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes puis du cabinet de Jean Zay, ministre de l’éducation et des Beaux-Arts sous le Front populaire, Jean Cassou a ensuite été un résistant actif. De 1945 à 1965, il occupera le poste de conservateur au musée d’Art moderne de Paris.
Il mènera parallèlement une œuvre d’écrivain. Les liens unisant Unamuno et Cassou établiront un véritable dialogue entre l’écrivain basque en exil et son traducteur. Rédigé de 1925 à 1927, entre Hendaye et Paris, Comment on fait un roman n’est pas un manuel de littérature, sinon le journal poético-philosophique d’Unamuno.
S’attachant à scruter l’âme espagnole par-delà les Pyrénées, Unamuno réfléchit également à la création littéraire et au perpétuel inachèvement des êtres de fiction. Comme Calderòn, Unamuno considère que la vie est un songe et qu’il faut « vivre en éveil et non dans le rêve de la vie ». « Lecteur, si ta vie n’est pas un roman, une fiction divine, un rêve d’éternité alors laisse ces pages, ne me lis pas plus avant. Car je te serai indigeste, et il te faudra me vomir sans profit ni pour toi ni pour moi. »