L'odeur de l'eau
« La cinquantaine, médicalement, devrait signer l’arrêt des boissons fortes. Pour végéter jusqu’à cent ans, la cinquantaine médicale devrait avoir l’odeur de l’eau. Asperges bouillies, jambon blanc maigre - l’adjectif maigre reviendra souvent - purée sans beurre sans sel fromage à vingt pour-cent de matières grasses, fruits. Pas de vin pas de café. Un avant goût de la maison de retraite. »
Idée présupposée d’un avenir banal pour des derniers jours on ne peut plus ennuyeux, autrement dit : des lendemains de vieux pantouflard, sans lendemain, justement. Une insignifiante perspective de fin de vie qui était sans compter sur les surprises que réserve l’existence… Et quelles surprises ! Voir tant de membres de son entourage s’évaporer ainsi dans la nature, être soupçonné de meurtre, fuir et être fui, ne plus savoir quoi penser, en arriver à envisager sa culpabilité…
Christian Brissart nous brosse le tableau d’un employé de banque désabusé qui a la fâcheuse tendance de cristalliser les faits divers étranges. Autour de lui gravitent autant d’individus louchent que de fils à papa, et s’accumulent autant de disparitions inexpliquées que d’apparitions morcelées. Un récit semi autobiographique touchant, relevé de quelques notes sanguinolentes, le tout baignant dans un désagréable sentiment de fatalité, une sensation d’irrémédiable qui a l’odeur de l’eau.