Des opérations d'écriture qui ne disent pas leur nom
Franck Leibovici s'intéresse ici aux écritures ordinaires, liées à des routines qui échappent à notre attention ou à notre champ de vision et, pour cela, demeurent innommées. Partant d'exemples tirés de la poésie des vingt dernières années, des literacy studies, des media studies, de l'anthropologie ou du droit international pénal, le présent ouvrage traite de l'écriture comme action : écrire (noter, transcrire, récrire, indexer, republier), c'est activer un écosystème social composé non plus de textes, mais de documents.
Plutôt que d'observer des objets d'écriture tenus a priori pour littéraires, Franck Leibovici examine leurs relations avec la documentalité la plus ordinaire. Quel type de fonctionnement et d'usage ces objets partagent-ils avec des pièces dont l'établissement, la production et la circulation déterminent l'ordre présent de nos sociétés ? La dimension politique et éthique de la littérature réside dans sa capacité à concentrer, redistribuer, reconsidérer les marques de pouvoir qui circulent dans les documents que nous visons, paraphons, signons chacun quotidiennement. Le présent ouvrage esquisse, par là, une reconception radicalement non essentialiste de l'« art » et de la « poésie ».