Le mythe de l'identité nationale
Qu'est-ce qu'un « Français » ? Au-delà de la détention de la nationalité française, il semble qu'il existe une croyance, très largement répandue, selon laquelle le « vrai » Français serait un « Gaulois » de race blanche dont les traditions, ancrées dans un « terroir », se perdraient dans la nuit des temps. Telle est la conception mythologique de l'identité nationale qui, de fait, exclut bon nombre de Français qui ne sont pas « de souche ». Cette conception figée de l'identité nationale a atteint son paroxysme avec l'Occupation et le Régime de Vichy, mais on la trouve jusque chez les anthropologues antiracistes de l'entre-deux-guerres et les folkloristes du Front populaire. Le 4 juin 2007, était créé le premier « ministère de l'identité nationale », ce qui sous-entendait pour certains que cette dernière serait mise en danger par l'immigration. Mais, s'il y a un problème entre l'immigration et l'identité nationale, il provient de la place qu'occupe aujourd'hui, au terme d'une évolution de plusieurs décennies déjà, l'enjeu national dans les débats politiques. De même que l'antisémitisme ne résultait pas d'un "problème juif", la xénophobie qui s'exprime aujourd'hui ne résulte pas d'un "problème migratoire" mais d'une montée en puissance des idéologies xénophobes dans nos cultures politiques.