L'abominable Monsieur Seabrook
Au début du XXe siècle, il était très prisé pour un journaliste issu de la bourgeoisie d'écrire ses aventures dans des pays exotiques. William Seabrook était le précurseur de cette tendance et n'hésitait pas à participer à des cérémonies vaudous à Haïti, à traverser le Sahara à dos de chameau, à discuter avec des rois cannibales de Côte d'Ivoire ou à goûter de la viande humaine volée par une connaissance travaillant dans une morgue parisienne. Mais l'écrivain était un alcoolique invétéré et notoire qui était profondément obsédé par le sado-masochisme et les soi-disant propriétés mystiques de la douleur. C'est sans état d'âme qu'il pratiquait le bondage avec de jeunes bourgeoises émoustillées qui se retrouvaient parfois ficelées comme des rôtis. Par ailleurs, il cotoyait de nombreux artistes et écrivains illustres de son époque tel Aleister Crowley, Man Ray ou James Joyce. L'alcool continuait de le ronger petit à petit même s'il tentait d'y remédier au cours d'un séjour en hôpital psychiatrique. Les dernières années, combien même il avait popularisé le mot "Zombie" en occident, il sombrait peu à peu dans l'oubli laissant probablement derrière lui son rêve de devenir un grand écrivain. Après sept années de recherche documentaire, Joe Ollmann nous dresse ici un portrait émouvant et drôle de ce personnage excentrique, réussissant avec virtuosité à rassembler dans une histoire captivante les extravagances d'une vie chaotique.