Là, où vont mourir les fleuves
Le destin mais surtout les ravages de la colonisation occidentale sur leur terre et dans leur culture, ont fait se rencontrer Amadou, professeur qui a dû fuir son pays, la Sierra Leone, Fatiha, jeune marocaine venue de Nador, Ousmane, orphelin échappé à la rue de Ouagadougou, le seul univers qui chez lui, lui tendait les bras et Tierno le berger peul que la misère a chassé de Bandiagara. Leur exil les fera s'échouer sur la Grande Canarie. Bien éloignée des images d'un éden touristique, c'est la dure réalité de l'immigration et des nouvelles formes d'esclavage qu'ils connaîtront. Leurs vies vont se croiser, s'enlacer et s'entremêler. Le meurtre d'Aida, une jeune prostituée sénégalaise piégée à Las Palmas est à l'origine de l'intrigue qu'Antonio Lozano traite dans le genre noir en décrivant les méandres de ces relations et en émettant clairement un message de dénonciation. Le choix d'une narration chorale pour écrire l'histoire des personnages donne à ce témoignage juste et implacable une épaisseur faite d'humanité et de tendresse sur la dureté de l'émigration, de l'exil et de l'exploitation d'une race et d'un peuple.