Le christ s'est arrêté à Rome
Voici la fin de la prospérité européenne et de l’illusoire société de consommation. Dans ces lendemains qui déchantent, seule l’union de tous ceux qui ont un idéal pourrait redonner sens et confiance, et s’opposer à l’oppression économique et politique. La générosité de l’Évangile pourrait être l’une de leurs sources. Mais le Vaticain la trahit.
Il a remplacé les fraternités originelles par une monarchie absolue, soucieuse de son pouvoir et des traditions qui le permettent. Il maintient un rigorisme étouffant, appuyé sur une conception calomnieuse des mœurs actuelles ; contrairement à d’autres Églises chrétiennes, il refuse l’égalité des femmes et impose aux prêtres une chasteté intenable, aux conséquences parfois criminelles. Hostile à la théologie de la libération comme naguère aux prêtres-ouvriers, il veut que l’Ami des pauvres reste au service des puissants et des riches. Jamais l’Église ne fut si discréditée ; jamais il n’y eut une telle divergence entre un pape et la conscience des croyants. Pendant ce temps, les sectes progressent, et des groupes intégristes pourraient favoriser une impérieuse reprise en main.
Seul Dieu échappe à l’histoire ; la religion et l’Église en dépendent. Dans un vaste bilan critique très documenté, constamment appuyé sur la Bible, sur des historiens exégètes et théologiens catholiques, Jean Rohou retrace la genèse tumultueuse du christianisme, ses variations, la générosité de ses militants, les compromissions de l’Église au service des guerres, des tyrannies et d’intérêts économiques et sociaux condamnés par le Christ, sa peur de la liberté de vivre et de penser, son obsession pour la sexualité.