SAINT PHILIPPE NERI UN LUDION
« Je suis entré dans la Vallicella, l'église de saint Philippe à Rome, avec Jérôme Prigent - il s'apprêtait alors à devenir prêtre de l'Oratoire. Je revois les marbres, le luxe des blasons cardinalices incrustés dans les pavages, la petite chapelle de mon saint patron, son tombeau, la figuration d'une extase au-dessus de l'autel qui renferme la sépulture. Je revois surtout le beau cloître dans lequel nous nous étions glissés, après que Jérôme eut osé pousser une porte que le public des visiteurs n'a pas, lui, le droit d'ouvrir. Je revois ce beau jardin planté de citronniers chargés de fruits, son opulence paradisiaque, jaune et verte, dans la poussière rouge des archives et des reliques romaines. Saint Philippe a vécu là, dans les galeries supérieures, au creux d'une cellule nue qui surplombe le petit paradis claustral. Quelque chose de sa folie, de son extravagance, de sa liberté native continue à y vivre, parmi les frères oratoriens, auprès des marbres somptueux, des arbres aux fruits d'or et c'est à ce jardin proche du tombeau, à ces citrons superbes, à cette enclave secrète de l'Urbs que je songe au moment de commencer ce livre - au seuil de cette méditation philippine. »