Chambres pour personnes seules
Chambres pour personnes seules est le récit à la première personne d'une errance urbaine, sociale et sentimentale. Éden Sandoval, paria vivant de petits boulots, nous y entraîne dans les bas-fonds d'une mégalopole anonyme, symbole d'une humanité misérable, dont les seules valeurs sont liées à la survie. L'errance du narrateur le mène à assister à un violent combat de chiens auquel il finit par participer lui-même. Vainqueur du combat qui l'oppose à l'animal, il est assommé par un dresseur de chiens et recueilli par une voisine, Felisa. Renvoyé de son travail, livré à lui-même, errant dans une ville sans limite qui semble vouée à une destruction sans fin, Éden n'est guidé que par la haine et le désir de vengeance, plongé dans un présent misérable, que rien ne distingue du passé. Dans cette odyssée urbaine rythmée par les meurtres et les règlements de comptes, la prose concise et corrosive de Juan Manuel Servín suggère que le désir ardent de vivre ne peut s'exprimer que par la haine et le ressentiment, la survie des individus ne tenant ici qu'à l'énergie farouche qui les anime et les dresse les uns contre les autres. Juan Manuel Servín dépeint avec noirceur, sans morale, une société où le désastre a déjà et toujours eu lieu et où les individus sont condamnés à la solitude, au désespoir, à la rage.