Le Mur de verre
Pendant que s'accomplit le sanglant et déshonorant divorce qu'a été le démantèlement de la Yougoslavie, un autre divorce, plus intime, se consomme au Canada, celui d'un couple d'immigrés yougoslaves. Ce "roman sur l'impossibilité de devenir adulte" raconte la déchirure complexe qui part d'un pays, passe entre un homme et une femme et se prolonge dans la conscience de leur fils, un garçon de onze ans (onze ans et demi, dirait-il, presque douze), "héros d'une histoire qui ne laisse pas de place à la paix". Après Cadeau d'adieu et Pluie et papier qui, loin d'être des romans roses, étaient des romans d'amour, Vladimir Tasic fait dans Le mur de verre une troublante autopsie du désamour. "Maintenant elle écrivait sur la criminalité, sur une vague de règlements de comptes à Belgrade, sur le purgatoire qui ferait des survivants les nouveaux seigneurs. "Les survivants seront innocents:' Trafic de pétrole, forêts, voitures, cigarettes, café, métaux précieux. Elle citait des noms, des lieux, des chiffres. On la menaçait. Un matin elle a trouvé sur le capot de sa voiture un faisan empaillé; le soir, au téléphone, un inconnu lui a dit qu'elle pourrait bientôt finir comme l'oiseau qu'elle savait