Cashtown
Bob Clark, pompiste dans un bled perdu, cède, à l'improviste, à ses pulsions de meurtres, tout en étant lui-même confronté à l'absurdité de ses actions. Il découvre que tuer peut être magique et il se sent tout à coup tout-puissant. C'est le seul commerce et seul résident de ce lieu. Il n'a jamais été à l'aise avec les autres. La narration, à la première personne renforce l'effet d'incommunicabilité d'un narrateur prisonnier de lui-même, isolé dans une folie qui le dépasse. C'est riche, habilement diffracté, entrecoupé de réflexions, ponctué de métaphores souvent puissantes, et malgré ce foisonnement, le récit parvient à suivre une ligne narrative épurée. L'intrigue en effet est simple, mais bien construite, elle avance tout le temps et nous fait pénétrer dans l'esprit malade de Bob Clark et on suit ainsi l'odyssée de ce détraqué. Un personnage amoral qui plonge dans sa folie sans être menacé. Cashtown pousse les codes de la Série B à un haut degré de littérarité. Un roman archiviolent que l'on ne peut pas lâcher. L'histoire rappelle tout de suite Le démon dans ma peau de Jim Thompson, L'enfant de dieu de Cormac McCarthy et dans un registre similaire à American Psycho de Bret Easton Ellis. Un style dépouillé et abrupt qui explore le paysage mental de son protagoniste et exerce une force attraction sur le lecteur.