Toute littérature s'effondre
"Nous piétinons, je piétine. Il faudrait interrompre ces textes, les interrompre ici, sans plus attendre. — Voix : « Tu piétineras encore neuf semaines pour le plaisir de maudire ces semaines et par elles le monde, n’écrivant chaque jour que quatre mots, parfois trois, cinq tout au plus, qui te sembleront chaque jour de plus en plus incohérents, tu maudiras par conséquent aussi la littérature, cette vieille ratatinée et mal famée *, et la maudissant tu te maudiras au fond toi-même. » Je me lève. Les voix se répètent, sont sans effets. La fenêtre s’ouvre, que je l’ouvre ou qu’elle s’ouvre d’elle-même. Il fait jour, c’est le matin, onze heures. Qui saura ce qu’est cette heure, cette heure dans cette chambre, ce jour, ce qu’elle représente. Elle ne représente rien il semble. Du monde entre, sans prévenir. Que je ne connais pas, tous inspectent ma chambre retournent les meubles et les livres se parlant dans une langue que je ne connais pas, que je ne connais pas parce qu’elle n’existe pas, effectuent des gestes étranges, très rapides, certains invisibles, m’inspectent moi aussi je veux dire mon ossature, ma peau, ma chair, tâtent mon crâne et mes membres, je tâche de les en défendre or m’entendant ils se mettent subitement à rire, qu’ai-je dit leur dis-je puis ils rient de plus belle, l’un ferme la fenêtre puis la porte puis"