Un kiwi dans le cendrier
Les hôtels des dimanches matins traînent leurs familles fatiguées, leurs couples mal éveillés et Inès joue à deviner lesquels d'entre eux ont eu, la nuit, l'occasion de se caresser. Très peu, à bien y regarder. Tout au plus les femmes sont-elles plus capricieuses, les hommes plus impatients. Et le tout se police autrement que dans les bas quartiers.
En sourdine, sous des dehors civilisés, c'est le même marasme amoureux, la même absence de gaieté, les mêmes reproches désordonnés. Des familles piteuses, engoncées dans une vie trop rangée, des couples usés, qui attendent que soit terminée la représentation sociale pour rejoindre quelque émoi extra-conjugal, l'intervalle de semaines plus belles que le weekend... Ils emporteront dans leurs valises les savons et les shampoings, le gel douche, les savates, et peut-être, s'ils ont l'âme cleptomane, un peignoir ou un parapluie brodés à l'effigie de l'hôtel, qu'ils déposeront sur l'autel de leur chambre d'amis. Pour montrer il le faut bien qu'on a été à Paris, et qu'on y logeait plutôt bien.