Le Jour de Repos des Origines au Concile de Nicee en 325
Alors que d'aucuns, en quête de profits, contestent désormais le principe du jour de repos hebdomadaire, l'auteur se penche sur les origines juives de ce jour spécifique de la semaine, soit le shabbat, l'un des piliers majeurs de la tradition judaïque, - et sa «christianisation» ultérieure. Dans la première partie de son ouvrage, l'auteur survole près de 4.000 ans de la tradition juive, étudiant dans le détail l'instauration du Shabbat, ses lois et la manière dont les Hébreux l'ont respecté. Pour cela, il revisite les quatre premiers commandements et nous documente sur les divers sens du mot "shabbat", puis nous guide au travers de différents thèmes : le shabbat et la santé, le shabbat et la guerre, le shabbat des Juifs éthiopiens, des Samaritains, des Esséniens, des Caraïtes et des Juifs réformés. Il nous détaille également les divers systèmes de datation chez les chrétiens et les juifs, se penche sur l'origine - égyptienne, grecque, romaine, hébraïque ou mésopotamienne - de la semaine et compare les calendriers mésopotamien, hébraïque, samaritain. Enfin, il répertorie et analyse les opinions de différents chercheurs sur la naissance, l'apparition et la pratique du Shabbat. Est-il une création divine comme le veut la Tradition juive ? A-t-il été ramené de Babylone comme un reliquat du shabbatu mésopotamien ? Dans la seconde partie de son ouvrage, Daniel Cohen étudie le devenir de ce septième jour, spécifique, de la semaine, proclamé jour de repos et qui, dans la tradition juive, a été respecté par les Hébreux depuis le don de la Manne et de la Torah. Il s'interroge quant au dimanche des chrétiens : glissement du shabbat juif - que Jésus et ses disciples pratiquaient - du septième jour de la semaine vers le premier jour de la semaine suivante ? Par souci de rupture avec la tradition hébraïque ou pour récupérer le jour de repos dominical préexistant des communautés païennes et dédié à la lumière, au Soleil ? Et de mettre en évidence, longuement, le rôle joué par l'apôtre Paul, personnage à l'identité indéfinissable - juif de Tarse aux choix schismatiques ? Prince de la famille du roi Hérode ? Grec rompu à la dialectique rabbinique ? - souvent en butte avec les autres apôtres, et « inventeur » du christianisme, par altération insidieuse du judaïsme à coup de concepts nouveaux absolument étrangers à la tradition hébraïque. Daniel Cohen nous promène ainsi du Nouveau Testament au Concile de Nicée, en passant par le Concile de Jérusalem, étudiant au passage la notion de "Jour du Seigneur", les emprunts au judaïsme, l'attitude des nouveaux pères de l'Eglise, la question de Pâques, etc. Et il conclut in fine : « Que reste-t-il du Shabbat juif des origines ? Apparemment pas grand-chose puisque les églises chrétiennes, dans leur très grande majorité, ont adopté le dimanche comme un jour de service divin. Est-ce que la notion d'inactivité est aussi passée du Shabbat au dimanche ? Nous ne le croyons pas non plus. Peut-être faudrait-il faire appel aux lois laïques votées en France au tout début du XXe siècle pour retrouver la notion de jour chômé légal et obligatoire ? » Notons enfin que l'ouvrage est doublement préfacé : d'une part, par le Professeur et Académicien Baudouin Decharneux, de l'Université libre de Bruxelles, d'autre part, par le Grand Rabbin de Bruxelles, Albert Guigui. Tant le scientifique que l'homme de religion se réjouissent du courage, de la détermination et de l'honnêteté intellectuelle de Daniel Cohen dans son approche fouillée de la tradition du Shabbat. Cette étude audacieuse rebat les cartes d'un sujet ancien, mais d'une grande actualité. Se basant essentiellement sur des écrits chrétiens, elle rencontrera la curiosité des juifs et des chrétiens, des croyants et des agnostiques.