Lettres d'Italie
En avril 1923, Karel Čapek démissionne du poste de dramaturge qu’il occupait depuis octobre 1921 au Théâtre municipal de Vinohrady et part aussitôt en vacances en Italie pour se refaire une santé. Son séjour dure près de huit semaines. On est au tout début de l’ère fasciste et c’est son premier voyage en Italie. Durant son périple, Čapek adresse à son journal quinze lettres, qui sont publiées en feuilleton, au fur et à mesure. Sur la base de celles-ci, il produira ce recueil de Lettres italiennes, savoureux, drôle et pénétrant. Le périple de Čapek est avant tout urbain, Venise, Padoue et Ferrare, Ravenne et Saint-Marin, Florence, Sienne et Orvieto, Rome, Palerme, Taormina, Gênes et Milan, Vérone, Bolzano, sans compter les étapes intermédiaires évoquées en passant (Rimini, Bologne, Pérouse, Arezzo, Pise, Mantoue) et les nécropoles souterraines (Pompéi, Ostie) mais il est très loin d’offrir une liste de beautés ou de curiosités. En voyageant librement et en s’intéressant plus aux enfants qui jouent dans une cour qu’aux monuments historiques d’intérêt capital, Čapek fait le choix d’un voyage personnel et joyeux où il cède volontiers à la description d’ambiances et d’anecdotes, non sans se départir de sa facécie. Ainsi de Rome il dira : « Si je fais cet exposé pseudo-historique, c’est pour ne pas avoir honte de dire que Rome dans l’ensemble ne me plaît pas. Ni le Forum romanum, ni l’horrible ruine de briques du Palatin, ni rien d’autre n’ont suscité en moi de sentiments sacrés ».