Molenbeek, mythe et réalité

Bombarder Molenbeek est le fruit d'une année de travail. J'ai grandi à Molenbeek et suis revenu m'y établir après un long séjour parisien. Fort de cette expérience, et conscient des enjeux identitaires qui agitent les débats actuels, il m'a semblé intéressant de confronter les imaginaires des deux peuples, puis de confronter lesdits imaginaires aux réalités du terrain. Il s'agit de puiser à la fois aux sources du journalisme de terrain et à celles des sciences humaines afin de dresser une cartographie à peu près lisible de Molenbeek et de sa représentation symbolique. A un an des attentats de Paris et Saint-Denis, il s'agit surtout de contextualiser le fantasme Molenbeek, d'énoncer les tenants et aboutissants d'une mythologie molenbeekoise dont la presse et le monde politique se sont abondamment fait l'écho ces derniers mois et qui dépasse de très loin de contexte local. Molenbeek est une mythologie commode : ça se passe ailleurs, loin de notre entre-soi local, c'est un pays fabriqué de toute pièce où la presse trouve à édifier ses lecteurs sans les compromettre, où le monde politique s'entend à stigmatiser du dysfonctionnement hors de sa propre sphère de compétence.
Il est grand temps dès lors de contextualiser le fantasme Molenbeek et de répondre à cette question fondamentale : que nous dit la stigmatisation de Molenbeek sur notre rapport au monde, à nous-mêmes et au quotidien ?