Exilés d'une autre France : La saveur d'un fruit amer
Pendant la scolarité classique, l'histoire des Harkis est « survolée ». Adolescente, j'essayais de comprendre cette grand-mère autrement qu'avec les mots. Je l'ai donc longtemps observée, regardée, imaginée, et j'ai pu attraper au vol, des mots, des phrases, des proverbes, et j'ai tenté de tisser le fil de son histoire. Le but de ce récit est de faire connaître cette période où des gens qui se sont battus pour la patrie, auxquels on a promis un avenir meilleur, qui ont cru, qui ont fait confiance, se sont retrouvés dans ces camps à la périphérie des villes jusqu'en 1975.
Tout au long de leur existence, ils ont conservé ce goût si particulier que l'on éprouve lorsque l'on croque dans un fruit amer, cette déception qu'elle a tenté de ne jamais transmettre à la génération qui l'a suivie. Plus largement, je me sens garante d'une histoire qui doit se raconter, se savoir, afin qu'elle serve de réflexion pour l'avenir.
Parmi mes missions professionnelles, je suis amenée à moi-même m'occuper de jeunes issus d'autres camps, dans d'autres contextes. Cette histoire personnelle d'exil et de rejet éclaire les migrations d'aujourd'hui d'une manière toute particulière.