Le cul entre deux chaises
Les déconvenues, André Pastrella, connaît ça. Il les accumule. Petits boulots bidons, aventures sentimentales foireuses, pages blanches impossibles à noircir. De coups de gueules en coups de pieds à la lune, il arpente les rues, les bars, à la recherche du banal qui sortirait de l'ordinaire. Une errance urbaine aux relents de vodka, de cigarettes consumées au bord d'un cendrier ou au coin de la bouche. Lucide, cette voix déracinée, souvent en colère, hurle la nécessité d'une rencontre qui bouleverserait son quotidien. La précarité, l'indigence révèlent ici une soif d'existence que le désir d'écriture ne fait que renforcer. Le sentiment diffus de perte s'accentue au fil des jours. Le manque est latent. Pour le combler, André Pastrella s'exposera comme il peut, maladroitement sans doute, mais avec cette rage aveugle, presque naïve, qui le caractérise. Derrière ce roman écrit à la première personne se dessine le portait d'un personnage marginal malgré lui, attachant. L'émotion y est palpable. Une écriture vive, urgente, désespérée, à l'image de son narrateur