La Maison de la lande
Avant de rentrer, le charpentier conduisit de nouveau le maître sur l’emplacement de la future maison. S’alignant sur l’axe de midi, il dessina avec une perche, sans se courber, le plan du bâtiment : ici, la poutre du faîtage ; ici, la cheminée ; ici, la pièce commune ; là et là les chambres de la famille, des deux domestiques, et les réserves de farine et de vin. Il traça, à proximité, le plan du hangar. Des vieux du voisinage étaient venus voir. Assis un peu par côté, ils conseillaient, déconseillaient, se taisaient aussi longuement. Ils s’éloignèrent quand ils virent que le charpentier et le propriétaire allaient conclure l’accord définitif, par lequel il n’est besoin ni de témoins ni de papiers : “La parole vaut l’homme ou l’homme ne vaut rien”.
A travers ces diverses phases de préparation, la maison paraît donc liée à toutes sortes d’espaces, celui du territoire communal, du territoire familial, beaucoup plus étendu, à celui d’une région, où sont dispersées les ressources en matériaux, à l’inconnu des ouvriers transhumants, venus des Pyrénées ou du Massif Central. La maison ne fait qu’un avec l’horizon, soit qu’elle se protège par des zones d’alerte ; soit qu’elle s’appuie sur les grandes solitudes des vacants communaux ; soit encore qu’elle se modèle sur la ligne générale du paysage.