Memoranda
Barbey n'est pas, comme Léautaud, l'homme des veillées tardives et solitaires à bûcher son grand-œuvre : le Normand aime les frivolités, le dandysme et la parade. Le matin, il se fait coiffer, choisit des bagues, canes et poignards que parfois, il dessine lui-même. Il boit de l'eau de Cologne avec de l'eau sucrée. Il lit beaucoup puis, écrit des articles, des nouvelles ou des romans. Il prend de l'éther sur du sucre en lisant Mémorial de Napoléon à Sainte-Hélène ! Il sort à trois heures du matin manger du homard chez Véfour, avec des huîtres et de l'ail... . Refuse de sortir parce qu'un pied gonflé l'empêche de mettre une "chaussure étroite".
Enfin, l'appel du Boulevard est toujours le plus fort. Entre la Madeleine et la Rue Montmartre, le boulevard Gand, puis des Italiens, si bien décrit dans Talon Rouge (La Petite Vermillon), le chef-d’œuvre d'Arnould de Liedekerke, est le lieu des dandys, des "lions", l'artère jugulaire du monde. Barbey en est, naturellement, pour avoir vénéré Brummell et Byron avant les autres. »
Nicolas Ungemuth