Altesses de la basse-cour
Des photographies de deux sortes sont présentes dans ce livre : d'une part de vrais coqs et poules, magnifiquement saisis par Daniele Ferroni, de l'autre les mêmes animaux en fer martelé et peint du sculpteur italien Tamburelli, également immortalisés par le même photographe, ami de l'écrivain et de l'artiste. Cet ensemble d'images sorti d'un poulailler véritable et artistique a inspiré à Michel Butor une suite de textes sur ces « Altesses de la basse-cour », qui ont des comportements terriblement humains sous sa plume. Une vraie caricature, bien critique, des jeux de pouvoir d'une certaine société contemporaine.
Comme le dit Sarah Tardino dans sa préface : « ce livre est un dialogue à trois, il y a les coqs translucides qui ont trait à la matière, de Giovanni Tamburelli, qui se dressent avec leur émail rouge, jaune, bleu, avec des couleurs vives et des pattes en fer forgé sur des portails dans le gris d'une heure, dans l'eau, parmi les fleurs, dans les rivières, parfois très colorés et érudits comme des météores, parfois métalliques et sériels, bilans immobiles d'une foule qui a perdu le principe de sa mission : ce sont des marque-temps. Daniele Ferroni les immortalise avec sa terrible pellicule, si réfractaire au beau et à l'idéal représenté de manière moderne, en creusant dans les choses de l'âme et des personnes l'objectivité de l'esprit, dans une fixité inquiète en équilibre instable sur le bord d'autre chose. À quoi doit s'attendre le lecteur avec ce livret de visionnaires ? Certainement à une vision contemporaine, émaillée, de l'homme. »