Oeil postiche de la statue kongo (l )
Anne Cabane, enquêtrice de personnalité pour la justice, se demande bien ce qu'Emna B. faisait à Lyon la nuit où on l'a retrouvée noyée dans la Saône. La suspicion pèse sur Lucie Clos, l'ex-femme de Martin, compagnon d'Emna B. Anne Cabane tente de dénouer les fils épars. Elle rend visite à Lucie en prison, passe trop de temps avec Martin, « le genre d'homme dont la féminité émeut les femmes » et convoque Nicolas, qui a pour ce dernier un « amour serré »...
Est-ce parce qu'elle est enceinte ? Des correspondances préoccupantes se font entre ses enquêtes et sa vie privée, la frontière n'est plus étanche. Qui est au fond madame Karabotchka, sa grand-mère, morte après avoir fourré une brioche au four ? Et puis cette statue à réparer, l'escalier marseillais qui penche, une entrevue empêtrée dans un couvent, la chambre moite à La Marsa...
« Ce qui s'est passé d'étrange pour moi, c'était que je savais où aboutissait le livre, très clairement. Je possédais la clef de son dénouement. Mais j'ignorais avant de me mettre à ma table de travail la façon dont le livre allait s'écrire, pour en arriver là. Je l'ai découvert jour après jour en écrivant, et vraiment j'ai éprouvé le suspense au coeur de l'invention. J'ai pensé au sens latin d'inventer ; le mot vient de invenire, trouver, découvrir ; en ce sens Christophe Colomb est l'inventeur de l'Amérique ; je me sens donc moins l'auteur que l'inventeur de L'oeil postiche de la statue kongo. C'est ce que je cherchais, exactement, en débordant dans les marges de l'espace-polar : moins un effet de mode, que la quête d'une tension narrative, sous la forme d'un écheveau à démêler. Je cherchais l'outil d'une forme. Bien entendu le livre n'est pas exactement un roman policier. Il n'y a pas l'ombre d'un policier, d'ailleurs, dans le récit. C'est d'abord un ouvrage intimiste, où l'enquête est dans une relation musicale contrapuntique avec la quête de soi. »