"Car les grandes villes, seigneur..."
Cette courte prose, d’une haute tenue de langue, est à la croisée de l’essai et de la fiction autobiographique.
A quelques encablures de La forme d’une ville, et au prétexte ici de Bordeaux, de son grand théâtre, de ses quais et de son fleuve, il s’agit d’une très belle méditation sur le paysage des villes, la façon dont chacun peut s’en sentir animé ou meurtri, à l’heure ou les "restaurations" planifiées et l’urbanisme administré ont déjà ravagé les sédiments naguère vivants des vieilles cités humaines.
"Bordeaux tend à devenir encore une fois l’extension d’un théâtre que son architecte, Victor Louis, avait déjà conçu comme un édifice ouvert, à usages multiples ; et la pièce qui s’y joue depuis des années peut bien sembler ne consister en rien d’autre qu’en l’édification de son propre décor, il s’agit du drame nu d’habiter sous le ciel."