La Cigarette et le néant
En Suède, on sait que derrière le membre de l'Académie, qui décerne chaque année le prix Nobel de littérature, se cache un écrivain de premier ordre. Dans la dizaine d'ouvrages publiés jusqu'à présent, son dernier, La Cigarette et le Néant (2009), est assurément le plus intime, le plus personnel.
En observateur aiguisé, esprit fin, essayiste original et profond, Horace Engdahl, par ses aphorismes, maximes, critiques, considérations et apostilles, se place en droite ligne des moralistes et penseurs français qu'il a beaucoup fréquentés et qu'il cite volontiers, de Montaigne à Roland Barthes, sans parler de Diderot, Chamfort ou Cioran.
Souvent de façon insolite, avec humour et élégance, sont ici abordées, en une ligne ou quelques pages, des réflexions sur la vie, la mort, la littérature, la lecture, la critique, les rapports entre individus, les mécanismes sociaux, les problématiques de l'art, l'expérience, la sagesse, la folie... Les références à l'enfance, aux rêves, au temps qui passe, à Pessoa ou Mozart, imprègnent la démarche de poésie et de nostalgie. Émane de l'ensemble une discrète empathie envers la condition humaine, en ce qu'elle an parfois de plus commun, comme la cigarette après l'amour ou l'incontournable tasse de café. Un subtil tableau panoramique de notre époque, en Suède, en Europe et par le vaste monde. Une belle invitation à la méditation avec des moments d'intense bonheur à partager.