Julien, la mère et l'amante
Julien. J'ai tant besoin de paix, de paix à ton chevet, tant besoin d'infiniment attendre que tu ouvres les yeux, tu souriras de ce sourire de grâce qui est le tien, démuni et ironique, mon enfant d'amour, je comprends cette lassitude qui t'a envahi, qui est la mienne, cet épuisement qui est le mien, laisse-moi porter le fardeau de cette fin de voyage, mon petit, laisse-moi m en aller sur la pointe des pieds vers l'autre rive, tranquille, et reste là, reste, tu me tiendras la main et tu me diras cette histoire de ta vie qui ne doit pas finir, tu me diras à travers la pénombre, au milieu des étoiles, ton voyage qui n est pas achevé, Julien, je vais me retirer mais tu te dois de poursuivre toi, de te souvenir. Julien se meurt. Hôpital militaire de Bucarest. À ses côtés, une femme, l'amante Laetitia retrouvée à Bucarest après vingt ans de silence, la mère Hélène, dévastée. Julien est victime d'un attentat qui visait une voiture officielle américaine, à Constantza. Les deux femmes, figures de tragédie, s adressent à l homme aimé, paroles d'amour et de désespoir. Le mystère plane : pourquoi cette rupture entre Julien et Laetitia, il y a vingt ans ? Le récit se développe, marqué au sceau de réminiscences grecques, avec, en fond de décor, la mer noire qui scintille et bat le quai du Casino de Constantza. Un voyage qui conjugue présent et passé, ou plutôt un voyage présent qui avale le passé, se l'approprie et vient nourrir les images d aujourd'hui.