Intériorité et témoignage: Aux sources de la présence
C'est avec une joie secrète et sans réserve que je réponds à une demande ancienne. Il fallait bien que j'entre un jour dans cette mission délicate de guider une âme, en te transmettant la primauté que j'accorde à la prière dans une vie de foi, surtout, en t'en montrant le chemin, en t'y accompagnant pour te communiquer un peu de cette force nouvelle que j'y ai moi-même puisée. Il te paraîtra certainement étrange d'introduire ces entretiens sur la prière la plus contemplative qui soit, autrement dit la prière intérieure, silencieuse, et plus généralement sur la profondeur de notre intériorité à retrouver ou à découvrir, par l'évocation d'une sainte qui au premier abord en semble si éloignée :
Bernadette de Lourdes, l'abrupte Bigourdane, à qui je confie le patronage de cette entreprise.
"Je ne savais que mon chapelet." La dévotion populaire qui s'attache à Lourdes ne risque-t-elle pas de décevoir ta soif d'oraison silencieuse, de relation personnelle, de contact vivant avec le Seigneur, dont tu désires tant la présence ? Tu le découvriras bien vite, il ne s'agit que de cela. Mais avec Bernadette, dans sa rude simplicité, par sa profondeur inattendue, je voudrais partir du plus élémentaire, de la base qui soutiendra toute élévation : le goût de Dieu. La vraie prière commence là, par cette consistance presque immédiate que l'on donne à l'invisible, par cette réponse de la chair à l'invisible qui la visite. Puisqu'il n'est qu'aspiration, notre désir peut et doit devenir la forme et le contenu même de notre prière.
Commence donc par insuffler à ta prière ce mouvement, cet élan, cette impulsion propre au désir. Commence par faire de la vérité de ton désir une prière, ta prière, l'unique flamme qui s'allume d'elle-même et se nourrit de son propre feu.