Les fées de Dieulefit
Lorsqu'en 1929 Marguerite Soubeyran et Catherine Kraft créent l'école de Beauvallon pour venir en aide aux enfants en difficulté, elles n'imaginent pas que, dix ans plus tard, en 1939, l'école située sur les quartiers hauts de Dieulefit, dans la Drôme, va devenir le refuge des persécutés. Dès 1940, des réfugiés allemands affluent dans ce coin de France, suivis par les Juifs d'Alsace. Simone Monnier se joint aux deux pionnières, et lorsque la zone sud est à son tour occupée par les nazis, ce sont des dizaines d'enfants que l'école va protéger. Marguerite Soubeyran, cheville ouvrière infatigable de ce sauvetage, fédère toute une population qui prend des risques et ses responsabilités pour accueillir des enfants juifs et parfois leurs familles. Elle enrôle Jeanne Barnier, secrétaire de mairie, lui demandant de fabriquer des faux papiers et des faux tickets de ravitaillement. C'est encore Marguerite Soubeyran qui crée un maquis dans le massif de Montmirail, juste au-dessus de l'école, lorsque le STO est instauré. À ces quatre femmes il faut joindre Madeleine et Paul Arcens, Henri Morin et, plus récemment, Emmeline et Élie Abel, tous élevés au rang de Justes parmi les nations. Ce sont ces neuf Dieulefitois, et bien d'autres anonymes, qui ont défendu la liberté et la vie des autres, au risque d'y perdre les leurs.