Aragon retrouvé : 1916-1927
Aragon a incarné les aventures majeures au coeur du XXe siècle, le surréalisme avec Breton, le passage à la Révolution, comme Malraux, la poésie dans la Résistance où il se ré concilie avec Eluard. Il personnifiera le communisme triomphant en 1945, mais saura dire plus tard la déstalinisation et le regel qui écrase Prague sous un « Biafra de l'esprit ».
Dans la première édition de sa biographie, en 1975, Pierre Daix avait révélé le drame victorien, couvert par un secret absolu et toujours resté à vif, d'une enfance sans père (marié ailleurs, ancien préfet de police, sénateur), mais aussi sans mère (elle passe pour la soeur aînée), déchiffré l'amitié si décisive jusqu'en 1925 avec Drieu la Rochelle, les raisons de l'acquiescement aux résolutions du Congrès de Karkhov en 1930 qui entraînent sa rupture avec Breton, comme les chefs des fausses accusations contre Nizan. Il dégageait ainsi Aragon de l'hagiographie comme des simplismes e t des légendes.
L'ouverture des archives soviétiques, la découverte d'inédits de Breton, de Drieu, d'Elsa Triolet, surtout d'Aragon, ses dernières confidences enfin, ont bouleversé ce qu'on croyait savoir de ses amours, de ses rapports avec Breton et Drieu.
Pierre Daix n'a pas seulement remanié plus de la moitié de son livre initial. Il enrichit l'histoire littéraire et politique du XXe siècle français et approfondit le déchirement d'Aragon face à un communisme dont il avait fini par appréhender la chute en s'évertuant à la nier.