Les Transparents
Une source d’eau douce, ou une fuite intarissable, s’est ouverte au premier étage d’un vieil immeuble du centre de Luanda. Les habitants s’y retrouvent pour un moment de conversation et de repos. Ce sont des gens simples qui partagent leurs vies et leurs souvenirs, ce sont des personnages surprenants et complexes qui ont des désirs, des rêves, des peines. Ils racontent leurs histoires, la guerre, et pensent à l’avenir. Il y a Odonato qui a la nostalgie de la Luanda d’autrefois, il a cessé de manger pour laisser la nourriture à ses enfants et est en train de devenir transparent. Il y a Amarelinha sa fille, la brodeuse de perles, qu’aimerait approcher le jeune MarchandDeCoquillages, toujours accompagné du bruit de son sac de marchandise et de l’Aveugle qui le suit. Il y a MariaComForça, qui vend du poisson grillé, et son mari le débrouillard qui monte une salle de cinéma sur le toit de l’immeuble. Le Facteur qui distribue ses lettres de protestation et réclame une mobylette à tous les représentants d’une autorité quelconque. Et Paizinho, le jeune garçon qui cherche à la télévision sa mère dont il a été séparé par la guerre. L’immeuble abrite aussi des journalistes, des chercheurs, des contrôleurs, tous intéressés par les richesses naturelles du pays et le développement de la grande ville africaine : pétrole ou eau potable, corruption ou bien public. Toutes ces histoires tissent la toile de fond d’une Angola en cours de transition brutale entre sa culture traditionnelle et la modernité. L’écriture d’Ondjaki, entre ironie tranquille et critique intelligente, imagination poétique et habileté narrative, emporte le lecteur séduit dans cette aventure.