Rompre le front ?
De l'automne 1914 au printemps 1918, les armées des belligérants sur le front de France restent installées dans ce que l'on appelle très vite la "guerre de siège". L'impressionnant réseau défensif qui s'articule autour des tranchées, des barbelés et des mitrailleuses interdit tout retour aux manoeuvres en rase campagne alors que les lignes sont figées de la Suisse à la mer du Nord, ce qui rend impossible d'espérer déborder par les ailes. Pendant plus de trois ans, sortir de cette immobilité imposée est l'obsession de tous, soldats et généraux, civils et militaires. Chacun tente de proposer sa réponse : l'ouverture de nouveaux théâtres d'opérations sur des fronts extérieurs pour certains, la coordination croissante des efforts des différentes armées alliées, la mise au point de nouveaux matériels et de profondes évolutions doctrinales pour d'autres. Prises isolément, aucune de ces propositions ne se révèlera suffisante. Et pourtant, à l'été 1918, l'endurance dont les poilus ont si longtemps fait preuve trouve sa récompense, puisque désormais les Alliés disposent d'une totale supériorité humaine et matérielle. La diplomatie, la politique, la technique, la doctrine sont ici mises en parallèle, essentiellement à partir des témoignages des combattants, soldats et chefs, pour mieux comprendre cette aberration historique et militaire que fut le front continu de la Grande Guerre.