Traverser la Seine
Comme à son habitude, Madame a commandé un thé dans le salon du Ritz, où elle loge depuis des décennies.
Elle glisse un regard sur la Seine, de la hauteur d'une femme qui a l'âge du siècle. Madame est fatiguée. Ou du moins, c'est le monde qui la fatigue.
Au fil de ses souvenirs, heureux ou malheureux, on y croise tour à tour le sculpteur Calder, Hemingway ou la Princesse de Noailles, et la folie des hommes qui s'est figée à Auschwitz.
Dans un style épuré, précis, où la justesse des mots dresse des petits tableaux pointillistes, Didier Goupil dresse le portrait d'un monde qui n'est plus, où l'intelligence et l'insouciance, mais aussi l'horreur de l'homme n'est plus, remplacés par l'inconsistance.
Un pur bijou.