Filles de rêve
«On pourrait mettre ces nouvelles sous le sceau des contes cruels . Il s'agit de sublimer, dans une histoire parlante, toute la violence à l'oeuvre au coeur du "corps et âme" humain.
Pour approcher la beauté , la poésie, j'évite le soi-disant "réalisme" qui les masque ou les tronque la plupart du temps. J'ai pour soin de créer ce "climat" dont parle Gracq lorsqu'il relève que c'est lui qui demeure à l'esprit quand on a tout oublié d'un livre. Cela ne va pas sans un soin formel qui confine à une sorte de héraldisme. Car la vérité intemporelle à laquelle j'aspire est celle des symboliques profondes. Les secrets du désir, de la folie, de l'amour, de la naissance, de la vengeance, du hasard et de la mort, sont élucidés par les couleurs et par les sons de l'expression qui les révèle.
Ici, des figures féminines (Ashima, Cinnamone Antioche, Felice Mage, Marielle Marinelli, Christa Lux, Gwendoline Graziamore, Morgiane, Elisabeth Krook, Annabella Duende) sont autant d'incarnations de la liberté. Autant de fugitives ou de justicières qui tracent, de Hawaï à Paris, de Biarritz à New-York, un chemin escarpé du désir qu'elles inspirent à leur bon vouloir. Autant de preuves qu'on peut rencontrer des filles de rêve partout, même dans les cauchemars.» Quinze ans séparent ce nouveau recueil de Mathieu Terence du précédent et premier, Les Filles de l'ombre, quinze années pour réunir les destins emblématiques de femmes fatales douées du sens de l'éternité sans cesser d'être absolument contemporaines. Figures tutélaires, elles nous renvoient aux mystères, aux inquiétudes, aux tourments originels, elles s'incarnent pour disparaître, elles excitent l'imagination pour la compromettre, elles fascinent avant de s'évaporer, laissant flotter un parfum entêtant.
L'art de la nouvelle réclame un sens du rythme que Mathieu Terence cultive et qu'il illustre avec ces rares nouvelles qui sont chacune un déclaration d'amour aux femmes. Il y a chez lui du Barbey d'Aurevilly, c'est dire.