Terrain letchi : Ou Piton Gora, la douce chair des nombres...
Dans ce nouveau recueil plusieurs figurations qui la rendent palpable. Elle y apparaît en effet tantôt comme une galaxie déployant ses ellipses et autres torsades incommensurables (et c'est alors toute l'inquiétude cosmogonique de Gamaleya qui se laisse entr'apercevoir), tantôt comme des flux et reflux d'arpèges sur un piano virtuose (et voilà, pour l'oreille du lecteur, les musiques tant aimées par l'auteur qui retentissent), tantôt comme une tornade voire un cyclone en feu (et à travers la météo tropicale déchaînée ce sont les formidables tourbillons d'une langue magmatique qui se profilent), tantôt comme un alambic (et l'on pense à l'intense alchimie du verbe dont ce poète s'est fait le maître). On la retrouve aussi figurée dans un « long zéro pointé - pointu à l'infini », par lequel il semble que la poésie, à laquelle trop souvent on ne concède aucune valeur, fait de cette nullité même le formidable levier d'une quête de l'asymptote, « pour délivrer la vie là où elle est emprisonnée, pour tracer des lignes de fuites », selon la belle formule de Gilles Deleuze.