Être ici est une splendeur. Vie de Paula M. Becker
"Je sens en moi une trame douce, vibrante, un battement d'ailes tremblant au repos, retenant son souffle. Quand je serai vraiment capable de peindre, je peindrai ça."
Lorsqu'elle écrivit ces mots, Paula Modersohn-Becker (1876-1907) n'était pas encore une artiste, mais une jeune femme aspirant à le devenir. Bien consciente des limites qui l'entravaient encore, mais résolue à ne pas céder sur son dessein (...).
C'est cette obsession de la vérité qui a frappé Marie Darrieussecq la première fois qu'elle s'est trouvée face à un tableau de l'artiste allemande : sur la toile figurent une mère et son enfant qui "se câlinent du bout du nez", et dans cette scène de tendresse, "ni mièvrerie, ni sainteté, ni érotisme : une autre volupté. Immense. Une autre force. Tout ce que je savais en regardant cette toile, c'est que je n'avais jamais rien vu de tel".
Marie Darrieussecq a contribué à l'exposition consacrée à Paula Modersohn-Becker par le Musée d'Art moderne de la Ville de Paris (avril-août 2016). Première du genre, celle-ci a rassemblé une centaine de tableaux ainsi que des carnets et lettres de l'artiste. Elle a mis en valeur l'importance de Paris dans la vie et la formation de la jeune Allemande, qui y a rencontré les plus grands : Rodin, Cézanne, Gauguin, le Douanier Rousseau, Picasso, Matisse.