L'amour courtois : Une notion à redéfinir
L'amour courtois est une notion à la fois célèbre et mal connue, d'autant plus que son sens, à force d'emplois abusifs, s'est brouillé. Pour le redéfinir et lui rendre son caractère opérant, on en examinera les origines à travers son ancrage historique, puis à travers ses sources littéraires et culturelles ainsi que les motifs caractéristiques qui participent de sa définition. Intrinsèquement peccamineuse, politiquement périlleuse, et pourtant valorisée par les oeuvres où elle apparaît, cette forme du sentiment amoureux est ambivalente ; la résolution du conflit éthique qui la fonde s'opère de multiples manières au sein des oeuvres, révélant la vision du monde qui les sous-tend.
Fruit de la période médiévale qui a commencé de le théoriser, le terme d'amour courtois a d'abord été repris par Gaston Paris, puis utilisé par l'ensemble de la critique moderne ; cette notion a été étendue à des textes de plus en plus divers, au point d'être utilisée de manière inapropriée. Il est donc fondamental de préciser, dans les oeuvres les plus connues pour lesquelles on la fait intervenir, dans quelles limites elle leur est applicable.
Lorsque l'on dégage les constantes de l'amour courtois, c'est son lien, originel, avec le chant et la poétique qui en apparaît comme le coeur battant et comme le point de fuite si bien que, malgré un déclin apparent, la tradition s'en est perpétuée sous diverses formes en littérature, et ce jusqu'à la période contemporaine.