Les frères Celhay
Ce roman commence au Pays basque dans les derniers mois du XIXe siècle quand Jules, métayer, et Jean-Louis, son jeune frère qui revient de trois années de service militaire en Algérie, projettent un « coup fumant » pour améliorer leur quotidien : ils tendent un guet-apens à un riche maquignon du voisinage pour le dévaliser. Hélas?! L?attaque échoue et conduit les coupables en prison?; l?aîné écope de cinq ans de réclusion, le cadet de quatre. Pendant qu?ils purgent leurs peines dans des conditions difficiles, ils décident d?entreprendre une nouvelle vie loin de chez eux à leur libération. Ce sera Buenos Aires où vit déjà Pierre, le plus âgé de la fratrie qui exerce le métier de tonnelier. Le plus jeune s?embarque le premier à Bordeaux grâce à l?aide de l?artisan exilé et à l?assistance financière de la République argentine qui développe une politique destinée à favoriser l?immigration en payant, entre autres, une partie de la traversée. Le transatlantique longe l?Afrique, franchit l?océan, passe l?équateur et suit la côte sud-américaine de Recife à Montevideo, autant de découvertes pour Jean-Louis qui sympathise avec deux festifs Béarnais qui tentent la même aventure que lui. Entre tempête, danses et chants, l?amitié se construit. Les camarades émerveillés par l?exotisme des escales décident d?affronter leur nouvelle vie argentine main dans la main. Sur le pont des troisièmes classes, une liaison naît entre Jean-Louis et Léopoldine, une Aveyronnaise qui rejoint son oncle, viticulteur dans l?ouest de l?Argentine en compagnie de son frère. Les cinq compères foulent les quais de Buenos Aires et fréquentent brièvement l?hôtel cosmopolite des Immigrantes, avant que la fille et son cadet ne s?en aillent vers les vignobles de Mendoza. Après les promesses et les adieux à la gare de Retiro, le trio basco-béarnais cherche et trouve du travail. Mais la vie qui s?installe ne satisfait pas leurs ambitions. La rencontre avec Paola, l?épouse d?un riche banquier, va tout changer et emporter les trois complices dans un projet fou, celui d?ouvrir un cabaret. Ils fondent le Flor de Nieves qui connaît rapidement la notoriété tant auprès du Tout-Buenos Aires que parmi les classes populaires des quartiers de la Boca, San Telmo ou Barracas. Hélas, une double passion impossible couplée d?une trahison perturbent l?équilibre florissant du trio d?associé Basco béarnais et mènent Jean-Louis à la déprime. Pas d?autres perspectives pour lui que de retrouver les bras salvateurs de Léopoldine installée à mille kilomètres de la capitale. L?arrivée de Jules qui a purgé sa peine ne change rien à la détermination du cadet qui entraîne ses frères dans une nouvelle entreprise : la fondation d?une tonnellerie à Luján de Cuyo, petite ville située parmi les vignobles de malbec des contreforts andins, près de Mendoza. La fabrique croît rapidement, la demande est forte, mais la fratrie se heurte aux états d?âme fluctuants de Jean-Louis qui, après son mariage, se désole de ne pas parvenir à procréer et surtout, rêve secrètement de retrouver Paola, sa passion portègne. Après de longues tergiversations, il se rend gonflé d?espoir à Buenos Aires. En vain. La fille le repousse. Tout se détraque et sa vie devient terne, sans relief. Lorsqu?éclate la guerre de 1914, malgré la stupeur et l?incompréhension des siens, il répond à l?appel de mobilisation générale. Il quitte alors cette Argentine fourmillante du début du XXe siècle, ce pays où tous les rêves sont possibles et regagne la vieille Europe qui s?ensanglante dans le nord-est de la France? Quelques jours de combat au front le font revenir sur terre et lui permettent de reconsidérer l?essentiel. Hélas?! Cela arrive bien trop tard. La rafale ennemie qui le fauche l?empêche d?apprendre qu?à Mendoza le ventre de son épouse s?arrondit enfin? Tandis que son corps est enseveli dans un endroit inconnu, la future maman devenue veuve affronte son destin et règle quelques comptes?