Minnesänger 1310-1340
On connait sans doute les trouvères et les troubadours de langue d'oc ou d'oïl. Parmi les plus connus de ce côté-ci du Rhin, au moins pourrait-on citer : Charles d'Orléans, Rutebeuf, Bertran de Born, Marcabru, Jaufré Rudel, Arnaut Daniel. Il serait toutefois fâcheux d'ignorer qu'il y eut aussi, de l'autre côté de ce même Rhin, une lyrique allemande, courtoise, dont les auteurs portent le nom de Minnesänger, autrement dit encore : ceux qui chantent le Minnesang, le chant d'amour, dont la tradition s'est développée entre le !""e et le !"#e siècles. Dans ce qu'il est convenu d'appeler le manuscrit Manesse (qui doit son titre à la famille Manesse, riches patriciens de Zürich des !"""e et !"#e siècles, qui furent à l'origine de la commande de cet ouvrage hors du commun) on parcourt plus de 700 pages où se trouvent consignés des textes de chansons d'amour courtois composés en allemand médiéval.
Compilé entre 1320 et 1340, le manuscrit toutefois ne présente pas seulement du texte mais également une grande quantité de planches (miniatures en pleine page, représentant les portraits des poètes auteurs de ces textes) à travers lesquelles se révèle un poignant témoignage concernant les costumes, coutumes et armoiries de cette époque ancienne.
Cet ouvrage se propose donc de présenter un large choix parmi la richesse inépuisable de toutes ces planches, oeuvrant par là à la construction silencieuse d'un enchaînement d'illustrations où chacun pourra donner sens à sa guise à cette suite narrative, ou comme autant d'illustrations qui peuvent être regardées chacune pour elle-même, comme si chacune pouvait constituer à elle seule une scène poétique complète échappant au temps pour pouvoir encore nous atteindre.