En lieu et place

Auteur(s) : Michael Foucat, Olivier Domerg
Editeur : L'Atelier Contemporain

Dans ce livre, qui prend parfois les allures de « symphonie urbaine » puisqu'il est composé d'un « prologue », de quinze « mouvements » et d'un « final », Olivier Domerg nous invite à nous interroger sur les sensations que procurent les lieux, et plus précisément, sur ce que serait « la sensation du lieu » et sur ce qu'il désigne par « le lieu comme sensation ». Ce lieu, en l'occurrence, est une place ; et, comme toutes les places, un lieu « ouvert », par excellence, sur le paysage urbain, les rues, le ciel, les flux qui s'y croisent, et sur la ville elle-même, dont elle est souvent le centre. Lieu évidemment de passage, mais aussi de « rencontre » et de « retrouvaille », de « pauses » et de « flâneries ». Un endroit où la ville semble faire corps avec elle-même, se condenser et à la fois se déployer ; et où quelque chose d'un plan, d'une forme et d'un sens s'affirment. Se donnent à voir et à entendre.
EN LIEU ET PLACE est donc et n'est donc pas un livre sur une place précise, et clairement nommée, la place Ducale, à Charleville- Mézières. Pour autant, si cette place n'est pas n'importe laquelle, elle vaut et vaudra pour toutes les autres. Et ce livre, parle et parlera, à travers elle, de toute place. De toutes les places.
En tant que place, elle est et sera, à la fois, unique et universelle, singulière et exemplaire ! Elle se présente, dès lors, pour l'auteur, moins comme parangon que comme « modèle vivant », sujet réel d'étude en acte et en direct ; puisque tout entre en ligne de compte, l'architecture, les conditions de lumière et de ciel, le lieu en tant que tel, son instance, sa présence, son histoire et sa prestance ; et tout ce qui y passe ou y survient : les gens, leurs déambulations, leurs stations éventuelles, leurs déboulés automobiles, leurs « évitements ou collisions », et même et pourquoi pas, leurs cris, leurs expressions, leurs éclats de rire, leur « chorégraphie involontaire », leurs conversations.
Sans être un essai, ce livre, extrêmement littéraire et nourri de littérature, pose des questions pertinentes : de quoi les places sont-elles le lieu ? Qu'induisent-elles dans la ou les villes ? Que produisent-elles sur nous, en terme de relation à l'espace, d'appréhension d'une ville, ou, tout simplement, de «sensations» ? Et, qui plus est, fabriquentelles également du « nous » ? attitudes, façons de se croiser, de se retrouver, d'évoluer sur la même aire, de se rassembler et de partager ? ne serait-ce que cet apaisement, ce besoin de « faire halte en ce lieu qui s'y prête » ; que ce plaisir spatial, sensoriel ou esthétique que l'on peut y ressentir. L'hypothèse, avancée ici par l'auteur, est qu'une place, lorsqu'elle est en tout point réussie, qu'elle remplit son rôle et sa fonction, nous dit beaucoup sur « la façon dont une ville respire », et, « en ce lieu », chacun d'entre nous avec.
Quelle est la vertu même d'une place au sein du tissu urbain ? Être « un paysage fixe et cependant mouvementé » ? Être un lieu de vie et de vision, un lieu où la ville, à tout coup, se recentre et s'exprime ?
Être le carrefour réel de tous les parcours, de tous les frottements, de toutes les fictions et de toutes les affirmations, individuelles ou collectives, qui y prennent naissance ou s'y révèlent ?
Voilà un livre qui, s'agissant de Charleville-Mézières, ne pouvait être qu'éminemment urbain et poétique (au sens où il est hanté par la question du poème), et, également, rythmique et musical (une place est aussi un « théâtre constant », une scène concrète qu'orchestre l'heure, la foule, « les conditions de lumières », le ronflement des moteurs, les mouvements ordonnés ou aléatoires, le bruissements des voix et le « cliquètement des pneumatiques sur le pavé »).

20,00 €
Parution : Juin 2018
Format: Poche
128 pages
ISBN : 979-1-0924-4469-8
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